A quand la gratuité des transports à Angers ?

Pour l’instant la municipalité s’y refuse, brandissant un risque de flambée fiscale.

Depuis décembre 2023, l’ensemble des habitants de l’agglomération de Montpellier ne payent plus pour prendre les bus et les trams. Cette mesure, qui figurait au programme de l’actuel maire (PS) de la ville-centre, a beaucoup fait parler, bien au-delà des frontières françaises. A ce jour en effet, la capitale languedocienne est la seule métropole en Europe à appliquer la gratuité pour rendre son service de transport hyper-attractif et en faire une alternative incontournable à l’automobile (en France, une petite dizaine de villes, beaucoup plus petites, ont déjà tenté l’expérience).

A Angers comme ailleurs, une telle décision se prendrait à l’échelle de l’agglo, le réseau étant géré par délégation de service public par la RATP qui couvre 29 communes relevant du territoire communautaire. Or, l’impulsion est impérativement donnée par le maire d’Angers, président de l’institution autour d’un groupe de 43 délégués dominé par sa majorité municipale (une dizaine d’autres sièges sont attribués aux autres maires de l’agglo ou leurs représentants).

En 2020, le programme du candidat Béchu n’avait évoqué, ni de près ni de loin, un projet de gratuité des transports collectifs : au contraire, l’édile, élu une première fois en 2014, avait promis d’augmenter le nombre de places de stationnement par la réalisation de nouveaux parkings en enclos (notamment place de l’Académie, en face du château), mais aussi d’étendre les zones payantes.

Combien rapporte la billetterie ?

Interpellé sur la question l’été dernier, lors de l’inauguration des nouvelles lignes de tramway, Christophe Béchu, devenu entre-temps ministre de la Transition Ecologique, avait gentiment décliné la proposition, arguant que le gratuité des bus et des trams nécessiterait, en contrepartie, « une hausse de 40% de la fiscalité » pour compenser le manque-à-gagner et maintenir l’équilibre des finances publiques.

Rappelons que les recettes de billetterie représente un gain d’environ 15 millions d’euros pour la métropole. Pour couvrir une telle perte, les élus n’auraient, selon Béchu, d’autres moyens que d’appuyer sur leurs principaux boutons fiscaux, autrement dit les impôts directs que sont la taxe foncière et la taxe d’habitation sur les résidences secondaires dont les taux sont fixés chaque année par les municipalités. Le montant des cotisations sur la valeur ajoutée des entreprises (VAE), et celui de la TVA, payée par tous les consommateurs, relèvent, eux, de l’Etat.

Quelles solutions autres que la hausse des impôts directs ?

Dans les villes qui ont mis en œuvre la gratuité de leurs transports, assiste-t-on à la même flambée fiscale annoncée par l’ex-maire d’Angers ? Beaucoup ont cherché à éviter cet écueil en trouvant d’autres sources de financement : une hausse des tarifs de stationnement, la création de péages urbains, la mise en place d’une taxe sur les nuitées d’hébergement, et une mise à contribution des entreprises à travers la cotisation transport généralement fixée par les communes.

Sujet politique autant qu’économique, la gratuité sera sans doute remise sur la table lors des prochaines élections municipales de 2026 : en 2020, la liste Angers écologique et Citoyenne avait proposé cette mesure pour les moins de 25 ans. En 2014, le candidat centriste Laurent Gérault souhaitait la mettre en place le week-end seulement.

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Journaliste de formation, j'occupe actuellement la fonction de rédacteur au sein du réseau des sites Internet de services aux entreprises du groupe Libbre. Je peux justifier d'une expérience de six ans dans la presse quotidienne angevine au sein de trois quotidiens : la Nouvelle République, Ouest-France puis le journal majoritaire en Maine-et-Loire : le Courrier de l'Ouest (2007-2009).

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