Thibault Lanxade (Medef) à Angers :« La précarité c’est le chômage, pas le travail»

Invité par le Medef Anjou, Thibault Lanxade, vice-président de l’organisation patronale dirigée par Pierre Gattaz, est venu parler d’emploi avec les entrepreneurs locaux. Interview.

Le premier ministre a dévoilé en juin un plan pour relancer l’emploi dans les petites entreprises. Son contenu, présenté comme un Small business Act à la française, a-t-il été survendu ?
Thibault Lanxade : Oui clairement. C’est un simple extincteur pour circonscrire l’incendie du chômage, alors qu’il faudrait une dizaine de canadairs pour lever tous les blocages à l’embauche qui existent en France. Le gouvernement Valls met en place 18 mesures englobées dans ce qu’il a appelé un « Small Business Act » soit disant inspiré du modèle américain, mais malheureusement  cette dénomination ne correspond en rien à ce qui a été fait par l’Union Européenne en 2008 et encore moins à ce que les Etats-Unis avaient lancé en 2010. Le plan de relance de Barack Obama, beaucoup plus ambitieux, visait notamment  améliorer le carnet de commande des entreprises américaines, en leur attribuant une part plus importante des marchés publics.

Des mesures, comme le double renouvellement du CDD ou le plafonnement des indemnités de licenciement, ont pourtant été saluées par le patronat français…
T.L : Il y a du positif, mais ça ne va pas assez loin. Le CDD renouvelable deux fois n’est pas mauvais en soi mais c’est insuffisant pour redonner de la souplesse aux entreprises. Nous, au Medef, on demande la mise en place de contrats de projet pour apporter plus de flexibilité sur le marché du travail. Quant à l’encadrement des indemnités accordées par le Conseil des prud’hommes, on dit oui, mais là encore, le barème proposé correspond peu ou prou aux montants qui sont versés aujourd’hui aux salariés qui obtiennent gain de cause face à leur employeur. Cette grille n’est donc pas le bon référentiel, et ne supprime pas le danger qui pèse sur les épaules des chefs d’entreprises lorsqu’un collaborateur les emmène aux prud’hommes.

Le plan prévoit pourtant un gel des effets de seuil, une mesure que le Medef réclamait à cor et à cris…
T.L : Ça va dans le bon sens, mais le gel annoncé ne concerne que les seuils fiscaux, et encore, pendant trois ans seulement. Le Medef demande la suppression des seuils sociaux et l’ensemble des contraintes réglementaires qui vont avec.

Le Medef insiste sur la raideur du contrat de travail français mais le CDI  allemand est à peine plus souple et Angela Merkel se targue de compter moins de 5% de chômeurs…
T.L : C’est vrai mais l’Allemagne propose des dispositifs qui permettent d’offrir un travail aux demandeurs d’emploi qui sont dans les situations les plus précaires.

Oui, vous évoquez là les mini jobs développés par l’ex-chancelier Gerhard Schröder. Mais ce modèle de travail précaire est-il transposable en France, au même titre que les contrats « zéro heure » proposés en Angleterre ?
T.L : Bien sûrN’inversons quand même pas les choses, la précarité c’est le chômage, pas le travail. Ces contrats ne sont rien d’autres que de la flexibilité offerte aux entreprises. David Cameron a aussi été réélu par ces salariés qui, ces dernières années, sont sortis de l’impasse du chômage grâce ces petits jobs. En France, je ne dis pas qu’il faut sous-payer, je dis juste qu’il faut libérer l’emploi.

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