Christophe Béchu : « Sur Technicolor, on a entretenu de faux espoirs en faisant du Montebourg ! »

Interview : Christophe Béchu, président (UMP) du conseil général de Maine-et- Loire. Thomson-Angers, TV locale : Christophe Béchu tire à boulets rouges sur les élus socialistes de l’agglomération angevine et juge « indigne » l’attitude des dirigeants de Technicolor.

Entreprise-angers.com : Sur le dossier Technicolor on a senti chez vous un certain agacement ?

Christophe Béchu : Il y a quelques années toutes les collectivités s’étaient mobilisées sur le dossier ACT pour trouver des solutions. On  a  considéré que l’intérêt général méritait de ranger les étiquettes politiques au placard. Depuis quelques mois, il y a  une approche beaucoup plus  politique pour régler ce genre de dossier. Déjà lors de la présidentielle le candidat Hollande avait envoyé un émissaire, M.Rousset, sur le site pour expliquer qu’en cas de victoire à la présidentielle Technicolor aurait un avenir. Etaient présents à cette grande messe socialiste, les représentants de l’agglo  et les candidats au législatives. Nous n’avions pas été invités.

C’était la campagne présidentielle…

On était en effet dans le cadre d’une campagne et cela pouvait se comprendre. Mais depuis l’élection  il y a une politisation du dossier. L’agglomération et la Région ont pris des initiatives très « com et marketing » comme acheter des pages de pub dans les journaux pour taper sur Technicolor, comme se rendre sur les piquets de grève, comme faire venir Fleur Pellerin et des conseillers d’Arnaud Montebourg pour au final obtenir des résultats qui n’ont pas empêché l’inévitable. Plus grave, on a non seulement rompu cette volonté de travailler ensemble mais on a, en plus, entretenu de faux espoirs pour les salariés en faisant du Montebourg sur le plan local et en vociférant très fort !

« il y a une grande indignité de la part des responsables de Technicolor»

Selon vous, il n’y avait donc aucun espoir de sauver Thomson Angers ?

Technicolor avait  depuis longtemps la volonté de fermer le site. Rappelez-vous,  en février les dirigeants ont refusé de participer à une table ronde. Ils ont cadenassé  le dossier en nommant un mandataire qui n’a rencontré les industriels locaux qu’au  printemps. Quand on relis les événements, on a le sentiment qu’il y a une grande indignité dans la manière dont le dossier a été traité. Mais cela ne justifie en rien le fait d’avoir une ministre (Fleur Pellerin – NDLR) venir expliquer 48h avant la liquidation qu’il y a des solutions et entretenir de faux espoirs.

Qu’auriez-vous fait de plus si vous aviez été sollicité ?

Je ne sais absolument pas ce qu’il s’est passé entre le mois de mai et le mois d’octobre. Je n’ai aucune idée des contacts pris, avec Orange par exemple ou  des propositions faites par les collectivités. Je ne sais pas comment a été géré ce dossier depuis 6 mois donc je ne peux pas répondre à votre question. En septembre, avec Paul Jeanneteau (Président du Comité d’Expansion – NDLR) nous avons demandé une réunion. Nous avons essuyé une fin de non-recevoir. J’en prends acte. Mais cela veut dire qu’on n’a pas tiré les leçons du passé sur les échecs industriels du territoire. On est en train d’observer une fuite économique inquiétante vers Nantes  qui grossit au détriment d’Angers. Il n’y a pas sur le territoire d’Angers une vision à la hauteur de ce que cette ville devrait avoir.

Vous êtes très critique à l’égard des élus de la municipalité et du maire socialiste d’Angers. Etes-vous déjà en campagne pour 2014, date des prochaines municipales ?

Sincèrement 2014 c’est très loin. Si maintenant à chaque fois que je dis quelque chose de critique on s’imagine que je suis en campagne on se trompe. Il est de ma responsabilité de dénoncer des orientations qui sur le plan local,  tardent à se manifester. Nous avons entendu de grandes déclarations portant sur  la création  de 10 000 emplois en 5 ans sans pour autant nous expliquer où et comment créer ces emplois.

Le projet de télé locale à Angers : un « acte politicien »

Autre dossier chaud du moment, la future télévision locale d’Angers: c’est un dossier très politique que vous dénoncez.  Pourquoi ?
Imaginer lancer une télévision locale un an avant les municipales, la ficelle est un peu grosse pour ne pas se dire qu’il y a dans la tête de la municipalité angevine une absence totale d’arrière-pensée ! Si vraiment la volonté était de faire un outil au service du territoire, on aurait pris soin de nous en informer de manière précoce. Or, j’ai découvert par courrier ce projet le jour même de la délibération du conseil municipal ! Par ailleurs le modèle économique  est extrêmement périlleux, la TV locale nantaise a perdu 400 000 euros l’année dernière. Il existe de nouveaux supports comme internet etc… avec des coûts plus bas. On aurait pu examiner d’autres pistes.

Vous ne participerez donc pas à ce projet ?

Je suis républicain, nous ferons en sorte que cette télévision réussisse le moins mal possible et nous examinerons la manière dont on pourra l’utiliser comme vecteur de communication.  Mais je considère que lancer une tv locale de cette manière, c’est clairement un acte politicien.

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Journaliste de formation, j'occupe actuellement la fonction de rédacteur au sein du réseau des sites Internet de services aux entreprises du groupe Libbre. Je peux justifier d'une expérience de six ans dans la presse quotidienne angevine au sein de trois quotidiens : la Nouvelle République, Ouest-France puis le journal majoritaire en Maine-et-Loire : le Courrier de l'Ouest (2007-2009).

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