Fermeture du Gaumont « Variétés » : un coup de Trafalgar pour Béatse

Les réactions se multiplient suite à l’annonce de la fermeture du dernier cinéma installé boulevard Foch, à Angers. A six mois des élections municipales, le dossier prend un relief politique et risque d’encombrer la campagne du maire Frédéric Béatse.

En annonçant la fermeture imminente (le 20 octobre 2013) de son dernier cinéma encore présent boulevard Foch, Gaumont a créé une onde de choc à Angers. Il faut dire qu’à six mois des élections, le dossier comporte une forte charge émotionnelle et symbolique : le « Variétés » fait partie du paysage des angevins depuis le milieu des années 1980. A l’époque, des Cassandres disaient déjà que Gaumont, géant de l’industrie cinématographique, vampirisait les petites salles indépendantes qui s’étaient multipliées dans la ville après la Libération, jusque dans le quartier de Belle-Beille où une enceinte de 200 places, l’Elysée, s’était implantée dans les années 1950.

La désertification du centre-ville ?

Mais, au final, les trois cinémas ouverts par le groupe français sur cette artère principale d’Angers se révélaient bénéfiques pour les commerçants riverains qui profitaient à fond du flux engendré par cette copieuse offre culturelle.

Pour eux, l’âge d’or a duré une quinzaine d’années jusqu’à ce que l’installation du multiplexe Gaumont (en 2000) dans le quartier Saint Serge, à l’écart de l’hyper-centre, n’entraîne les fermetures de « L’Ariel » (toujours inoccupé depuis) et du « Colisée » (converti en bowling en 2009). Ne subsistaient alors à Foch que « Les Variétés », agrandies pour l’occasion, mais pesant d’un faible poids face au programme pléthorique proposé par son nouvel homologue des bords de Maine, mieux équipé (12 salles contre 5) et plus facile d’accès grâce aux nombreuses possibilités de stationnement.

Dans ce contexte, le destin du Gaumont « Variétés » semblaient déjà tout tracé. La baisse de fréquentation des salles obscures liée à la crise et à la hausse continue des tarifs, ont, en quelques années, donné le coup de grâce à cet ancien « Olympia » vieillissant et de moins en moins rentable. « L’établissement a affiché une baisse de 35% de ses entrées en cinq ans, passant de 192 000 entrées en 2008 à 125 000 pour la fin de l’année 2013 » confirmait mardi la direction de Gaumont, pour justifier la fermeture du site.

L’équipe municipale s’attendait depuis longtemps à cette annonce qu’elle savait lourde de conséquences à l’entame d’une nouvelle campagne électorale, au moment où ses rapports avec les commerçants du centre-ville d’Angers n’ont jamais été aussi tendus.

Un boulet pour Frédéric Béatse

Pour le maire Frédéric Béatse, la direction de Gaumont s’est montrée « intransigeante malgré nos interventions pour tenter d‘empêcher cette fermeture ». Le futur candidat socialiste a, dans la foulée, fait savoir qu’il allait « provoquer très rapidement une rencontre avec tous les acteurs du cinéma et à d’autres acteurs culturels pour imaginer les suites de cette fermeture. Je pense qu’il y a une place pour une offre culturelle à cet emplacement et je suis prêt à imaginer toutes les formules pour relancer une telle activité ».

Son rival UMP Christophe Béchu a sauté sur l’occasion  pour dénoncer « la passivité de la municipalité et l’échec de l’action municipale », imputant la fermeture du Gaumont « au plan de circulation incohérent qui asphyxie le centre-ville et aux tarifs de stationnement prohibitifs ».
Des arguments massues qui trouvent, on s’en doute, un écho favorable auprès de l’opinion angevine juste avant le coup d’envoi officiel du match électoral.

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