Le site de Technicolor à Angers sous le coup d’un redressement judiciaire

L’usine Technicolor d’Angers, la dernière implantée sur le continent européen de l’entreprise spécialisée dans la fourniture de services vidéo et d’image numérique à destination de la télévision et le cinéma, vient d’être placée en redressement judiciaire. Un dénouement sans surprises pour une usine confronté à de véritables difficultés pour affirmer sa compétitivité.

La recherche d’un repreneur pour l’usine d’Angers

Le redressement judiciaire vient tout juste d’être confirmé par le tribunal de commerce de Nanterre concernant le site angevin de Technicolor. Le redressement judiciaire sera observé pendant une période de six mois, exprimant la volonté pour la direction du groupe de trouver un repreneur. Technicolor a annoncé avoir des pistes sérieuses concernant une reprise partielle de l’activité avec quelques repreneurs potentiels qui se sont déjà fait connaitre avec des dossiers suffisamment solides de pérennisation de l’usine sur le long terme pour être pris en compte sérieusement. L’inquiétude des 350 salariés encore présents sur place n’a pas faibli avec l’annonce du redressement, les syndicats dénonçant notamment une volonté de placer volontairement l’usine en faillite pour achever une stratégie de délocalisation tous azimuts vers les pays à faible coût de main-d’œuvre, notamment en Asie.

Un groupe face à des difficultés persistantes

Technicolor fait face à des difficultés récurrentes, avec un bilan faisant état de pertes à hauteur de 324 millions et un niveau d’endettement de 1 milliard en début d’année 2012. Le groupe souffre d’une concurrence féroce en provenance du continent asiatique et avait dû faire face l’an passé à la perte d’un contrat stratégique avec France Telecom qui a contribué à l’aggravation du bilan de l’entreprise et obérant plus encore l’avenir du site de production angevin. Cas emblématique, l’usine angevine, ex Thomson, employait pas moins de 3000 collaborateurs dans le courant des années 80 et 90, amorçant une lente descente jusqu’au redressement judiciaire dans les années 2000.

La fabrication de décodeurs est aujourd’hui largement délocalisée, Technicolor assurant ne pouvoir garder l’usine d’Angers sans sacrifier à la logique de rentabilité. Les syndicats dénoncent avec véhémence cette situation avec des salariés présents pour certains depuis des dizaines d’années, pointant du doigt notamment un discours politique vantant le « made in France », mais qui ne montent pas au créneau pour éviter la disparition de Technicolor, un outil industriel majeur sur le territoire.

Une solution politique ?

Le ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg a annoncé faire du cas Technicolor l’une des priorités du gouvernement. Chantre du protectionnisme et de la préservation du tissu industriel français, l’état pourrait aider à dénouer la crise entre une direction résolue à se séparer de l’usine et des syndicats se battant coûte que coûte pour la préservation des emplois et de l’activité.

Des fonds d’investissement surenchérissent actuellement pour entrer au capital de Technicolor, preuve que le savoir-faire de l’entreprise suscite encore des convoitises. Vector Capital et JP Morgan rivalisent dans les enchères, mais l’avenir des salariés d’Angers reste encore très incertain, on peut en effet douter de la volonté des nouveaux entrants au capital du groupe de préserver une usine largement déficitaire.

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Journaliste de formation, j'occupe actuellement la fonction de rédacteur au sein du réseau des sites Internet de services aux entreprises du groupe Libbre. Je peux justifier d'une expérience de six ans dans la presse quotidienne angevine au sein de trois quotidiens : la Nouvelle République, Ouest-France puis le journal majoritaire en Maine-et-Loire : le Courrier de l'Ouest (2007-2009).

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