Défaillances d’entreprises en Maine-et-Loire : comment expliquer la hausse ?

Après de forte baisses en 2020 et 2021, le nombre de faillites augmentent brutalement depuis l’an dernier dans le département. Un phénomène attendu dans la mesure où il coïncide avec l’extinction des aides publiques et autres reports de paiements mis en place durant la crise sanitaire.

277 dépôts de bilan ont été enregistrés entre janvier et juillet 2023 par le tribunal de commerce d’Angers. C’est déjà presque autant que l’ensemble de faillites comptabilisées sur l’ensemble de l’année 2022 (304). Un chiffre qui, au rythme actuel, sera sans doute dépassé à la fin de l’exercice. Rien d’alarmant pour autant.

80% de liquidations judiciaires

La courbe ne révèle pas  l’émergence d’une crise aussi grave et violente que celle de la période 2009-2010, la plus destructrice d’emplois depuis 1945. Les spécialistes s’accordent à dire qu’elle traduit davantage un retour à la normale, un correctif après la parenthèse exceptionnelle de la pandémie de Covid-19.

Les 277 dossiers de cessation de paiement réceptionnés par les juges consulaires au premier semestre 2023 ont très majoritairement donné lieu à des liquidations judiciaires (80% des cas), soit des arrêts d’activité définitifs, pour 49 redressements, procédure qui vise à mettre en place une série de mesures destinées à apurer les dettes et permettre à l’entreprise de redémarrer des bases assainies, parfois au prix de lourdes suppressions de postes. 10 « sauvegardes » ont été prononcées : il s’agit de recours que peuvent saisir les établissements afin de réorganiser leur modèle et honorer leurs créances à seule fin d’éviter le dépôt de bilan : les structures placées en sauvegarde par un tribunal de commerce rencontrent donc des difficultés économiques sans se trouver pour autant en cessation de paiement.

Un millier de salariés concernés

L’ensemble des entreprises suivies par le tribunal de commerce de janvier à juillet représente un effectif de mille salariés environ. C’est beaucoup, 30% de plus que sur la même période en 2019, dernier exercice de référence avant l’émergence de la Covid. : l’importance du chiffre s’explique notamment  par la banqueroute de grosses structures, comme le promoteur immobilier Carréneuf (85 salariés), liquidé en mars 2023.

D’autres procédures, dites de « prévention », s’enclenchent également en faveur des entreprises qui, souhaitent, elles aussi, éviter le dépôt de bilan. Elle conduisent notamment les juges consulaires à nommer un mandataire ou un conciliateur pour accompagner le dirigeant dans son objectif de redressement. 112 demandes ont été examinées au cours du premier semestre 2023, presque deux fois plus par rapport à 2019 (57).

Les motifs qui ont fragilisé les entreprises depuis 2022 sont nombreux : la fin des aides publiques qui leur avaient permis de soutenir leur trésorerie lors du ralentissement économique de la période Covid, le remboursement des Prêts garantis par l’Etat (PGE) mis en place aux aussi pendant la crise sanitaire pour permettre aux PME/TPE de disposer d’argent frais. A cette longue période d’incertitudes a succédé une conjoncture d’inflation, la crainte d’une pénurie d’énergie en lien notamment avec la guerre en Ukraine, accompagnée d’une hausse spectaculaire des prix, et les prémices d’un krach immobilier.

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Journaliste de formation, j'occupe actuellement la fonction de rédacteur au sein du réseau des sites Internet de services aux entreprises du groupe Libbre. Je peux justifier d'une expérience de six ans dans la presse quotidienne angevine au sein de trois quotidiens : la Nouvelle République, Ouest-France puis le journal majoritaire en Maine-et-Loire : le Courrier de l'Ouest (2007-2009).

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