L’hommage aux Invalides rendu à Roland de la Poype, l’homme aux multiples vies

Roland de la Poype, ancien maire de Champigné, compagnon de la Libération, inventeur entre autre du Berlingot Dop et de la Méhari est décédé le 23 octobre dernier. Mardi dernier, lui a été rendu un vibrant hommage aux Invalides. En 2007, il avait publié, en collaboration avec Jean-Charles Stasi, ses mémoires sous le titre : L’Épopée du Normandie-Niemen (éditions Perrin).

Interview: JEAN-CHARLES STASI, JOURNALISTE ET ECRIVAIN.

Entreprise-angers.com : vous étiez aux Invalides, avec de nombreux habitants de Champigné pour assister à cet hommage rendu à Roland de la Poype. Comment s’est déroulée la cérémonie ?

Jean-Charles Stasi : l’hommage a été rendu au Colonel de la Poype par le Chancelier de l’Ordre de la Libération. C’était très émouvant car il a retracé le parcours de cet homme hors norme. Roland de la Poype était un grand militaire et un homme d’industrie de génie. Et puis étaient présents lors de cet hommage les chanteurs de l’ex Armée Rouge qui ont entonné des chants du Normandie-Niemen (Régiment de chasse des Forces Aériennes Françaises Libres auquel appartenait Roland de la Poype, NDLR). Il faut se souvenir qu’en 1942, Roland de la Poype faisait partie des 14 volontaires qui sont allés en Russie combattre l’ennemi.  Les conditions  notamment météorologiques étaient extrêmement difficiles et ils ont dû s’adapter au matériel soviétique comme piloter les fameux « Yacks ».

C’est ainsi qu’a commencé l’histoire du Normandie-Niemen ?

Le Normandie-Niemen est effectivement devenu mythique grâce à ces liens tissés entre la France et la Russie.  Chaque unité de la France libre portait le nom d’une région française. Ce groupe de Chasse s’appelait jusqu’en 44 Normandie.  Après la bataille du Niemen , Staline a autorisé exceptionnellement cette unité à accoler à cette escadrille le nom du fleuve Niemen. Depuis des liens se sont tissés et se sont toujours maintenus même au temps de la Guerre Froide.  Imaginez qu’en pleine Guerre Froide, il y a eu des « migs » soviétiques qui se sont posés sur la base de Reims (L’escadrille Normandie- Niemen est basée à Reims, NDLR).  J’imagine que cela devait mettre les services secrets français sur les dents !

Roland de la Poype était un grand militaire mais aussi un homme d’industrie génial ?

Quand il est revenu de la guerre en 45, il n’avait plus de parents. Il avait 25 ans, était noble et châtelain. Il aurait pu rester dans l’Armée. Mais non, il s’est tourné vers l’industrie et il a eu ce génie visionnaire de prévoir le rôle qu’allait prendre le plastique dans l’industrie.  Il a monté une société d’exploitation et d’application de brevets. En 52, il crée le Berlingot Dop, signé par Vasarely. Nous sommes à l’époque dans la France crasseuse de l’après-guerre.  68, deuxième coupe de génie, il a l’idée de construire une voiture légère et révolutionnaire. Ce sera la Méhari. Elle est présentée au Golf de Deauville un peu dans l’indifférence car c’était la veille des événements de mai !  Cette voiture ne connaitra le succès qu’après.  Enfin troisième coup de génie en 1970, il s’inspire des Etats-Unis et crée le Marineland d’Antibes.

Et ses attaches angevines ?

Il est angevin par son père. Dès l ‘âge de 4/5 ans, il vit avec ces parents en Anjou, au château de Mozé, près de Champigné. Plus tard,  Il fera l’école d’aviation d’Angers.
Dès le lendemain de la guerre, il viendra régulièrement le week-end en Anjou. Il revenait en avion puis en hélicoptère qu’il pilotait lui-même. Il n’a jamais quitté cette région.

Qu’a-t-il fait pour cette commune et pour l’Anjou et pour Champigné ?

Il a dynamisé ce territoire. Il a  créé le Golf de Champigné, il a  animé la société hippique et rendu d’innombrables services aux habitants de cette commune dont il a été maire pendant 17 ans.

Comment l’avez-vous rencontré ?

En  82,  j’ai  effectué mon service militaire à Reims. C’est là que j’ai découvert l’histoire du Normandie- Niemen. En 2002, journaliste à la Nouvelle République, je cherchais un beau sujet d’histoire. Je l’ai alors rencontré, lui ai proposé d’écrire son histoire. Il était un peu réticent au départ car il n’aimait pas parler de la guerre. Roland de la Poype n’était pas du genre à se mettre en avant bien qu’il détienne l’un des plus gros palmarès de la chasse française. C’est le deuxième « as » par le nombre de victoires. Finalement, le livre est sorti en 2007. Il a recu le Prix Grands Témoins de l’année et le Grand Prix de la Légion d’Honneur 2008.

Si vous deviez résumer en quelques mots ce grand homme ?

Talent, simplicité, élégance et anticonformisme.

L’épopée du Normandie-Niémen, Roland de la Poype en collaboration avec Jean-Charles Stasi éditions Perrin, Paris.

Post author

Journaliste de formation, j'occupe actuellement la fonction de rédacteur au sein du réseau des sites Internet de services aux entreprises du groupe Libbre. Je peux justifier d'une expérience de six ans dans la presse quotidienne angevine au sein de trois quotidiens : la Nouvelle République, Ouest-France puis le journal majoritaire en Maine-et-Loire : le Courrier de l'Ouest (2007-2009).

Laisser une réponse