Frédéric Béatse : « Face à la polémique, j’ai pris sur moi »

Frédéric Béaste, nouveau maire d’Angers, réagit à la polémique qui a accompagné son élection le 26 janvier dernier et développe, point par point, son projet économique jusqu’en 2014.

Frédéric Béatse, vous n’avez pas réagi à la polémique qui a entouré votre élection du 26 janvier dernier. Face aux rumeurs et aux qualificatifs parfois extrêmes employés par la presse et même par certains membres de votre propre majorité, n’avez-vous pas ressenti, à un moment, le besoin d’excercer votre droit de réponse et d’établir votre vérité ?

Frédéric Béatse :  » Non, ma vérité je la garde. J’ai considéré qu’il était de ma responsabilité de prendre sur moi et de ne pas rajouter de la polémique à la polémique. Il aurait été, à mon avis, inutile de rendre coup pour coup au risque d’en prendre plein la poire encore une fois. En tant que maire, j’ai souhaité rassembler toutes les énergies et me mettre immédiatement au travail avec une équipe soudée et stable puisque j’ai  reconduit tous les adjoints dans leur fonction. Alors oui, ça a été difficile pendant une semaine, j’ai pris dur, j’ai encaissé. Il a fallu que je digère. Maintenant, c’est reparti et bien reparti. Après tout, cet épisode a démontré que j’étais capable de garder mon sang froid en passant outre les insultes, car, c’est vrai, ce sont bien des insultes auxquelles j’ai dû faire face. Encore une fois, face à polémique, j’ai pris sur moi. Et seule l’Histoire jugera« .

Vous avez présenté aux conseillers municipaux un budget que vous avez qualifié de « budget de combat » avec une rallonge d’un million d’euros pour soutenir l’investissement et sauvegarder l’emploi. Mais j’imagine que la crise vous impose de compenser l’investissement productif par de sévères mesures d’économies budgétaires…

F.B : « C’est vrai mais jamais au détriment de l’emploi, de la solidarité et de la qualité de nos services publics qu’on souhaite maintenir à un coût raisonnable. C’est ce qui guide depuis de nombreuses années l’action de la Municipalité et Angers est d’ailleurs reconnue pour cela au niveau national. Et c’est une politique qui se justifie plus que jamais en période crise économique. Le budget que nous avons voté fin janvier prévoit une maîtrise de nos coûts de fonctionnement (progression globale de +2,6% NDLR)  mais, d’un autre côté, nous souhaitons avancer sur les projets définis par le programme pluriannuel d’investissements, en priorisant ceux qu’on considère comme les plus indispensables, les plus urgents et les plus efficaces pour maintenir l’emploi et renforcer la solidarité, mais aussi les moins exigeants en dépenses de fonctionnement et frais d’exploitation« .

Mais un équipement tel que le centre aqualudique, estimé à 36 millions d’euros, ne va-t-il pas, de fait, nécessiter un gros budget de fonctionnement ?
F.B : « Là aussi, il s’agira d’un investissement rationnalisé. L’ouverture en 2013 du Centre aqualudique dans le quartier des Capucins sera compensé par la fermeture du complexe de la Baumette et d’une autre piscine, peut-être André-Bertin (rue de la Meignanne, NDLR), mais cela n’est pas encore décidé« .

Toujours au chapitre des économies, l’Etat montre du doigt les collectivités locales qui n’ont pas respecté le principe du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux. Comment s’est comportée la Ville d’Angers ?

F.B : « Angers peut être cité en exemple pour la maîtrise de sa masse salariale (1,6 point sous l’inflation). De plus, la majorité municipale s’est engagée, dans le cadre du Contrat d’Avenir et de Performance qui la lie aux Angevins , à publier un plan pluriannuel d’économies de fonctionnement, et à ne pas augmenter les effectifs dans ses différents services. Mais il est clair qu’à l’échelle des collectivités, il faudra remettre à plat un certain nombre de choses, même s’il n’est pas juste de les pointer du doigt alors, qu’en période de crise, les agents qu’elles recrutent permettent aussi d’assurer, pour l’usager, un service public de qualité et à moindre coût « .

2. Grands projets

Outre les frais de personnels, les coûts de fonctionnement comprennent aussi les intérêts de la dette. La Ville envisage d’emprunter 24 millions d’euros pour boucler son dernier budget. Quel est le poids de la dette à Angers ?

F.B : « Il est bien au-dessous de ce que connaissent d’autres collectivités françaises… » (nous publierons le chiffres ultérieurement, NDLR).

Les victimes des fameux emprunts toxiques ?

F.B : « Oui. Heureusement, Angers n’a pas eu à subir cela« .

Comment avez-vous compensé la suppression de la taxe professionnelle en 2010 ?

F. B : « La perte de la taxe professionnelle a été compensée, au niveau de l’Agglo, par une hausse des taux des impôts ménages. Il faut tout de même rappeler que la Ville d’Angers n’avait pas augmenté ses taxes depuis 1983. En 2011, la Municipalité a considéré que c’était le moment ou jamais, mais c’était un réajustement ponctuel nécessaire à l’équilibre des comptes, à un moment donné. Aucune nouvelle hausse d’impôt  n’est prévue pour 2012… »

On ne peut pas parler d’investissement et de développement sans évoquer la question du logement social . Où se situe la Ville d’Angers dans le quota de 20% fixé par la loi SRU ?

F.B : « Bien au-dessus ! Angers compte un tiers de logements sociaux (32% selon nos informations, NDLR). C’est évidemment une question essentielle mais qu’il faut appréhender, non pas seulement à partir d’Angers confrontée comme bien d’autres villes à une crise du foncier, mais à l’échelle du territoire de l’agglomération. Aujourd’hui  les ménages les plus modestes peinent à se loger à Angers intra muros et doivent s’éloigner du centre pour trouver une solution de logement. La ville avait été très réactive il y a dix ans en captant un maximum  de crédits visant, dans le cadre des opérations de renouvellement urbain (ORU), à améliorer la qualité de l’habitat existant dans des quartiers comme La Roseraie ou Le Grand-Pigeon« .

Autre projet d’envergure pour les cinq prochaines années : le réaménagement des berges de la Maine. Où en est-on ?

F.B : « On prendra notre décision  en avril prochain. Pour le moment, trois projets d’architectes-urbanistes ont été retenus en étroite concertation avec un groupe de 90 habitants tirés au sort . Le projet vise un réintégrer cet espace de 320 hectares dans un  cadre urbain, avec un aménagement apte à permettre aux angevins de se réapproprier leur rivière.  Avec, à la clé, une réduction de la circulation automobile sur les 2X2 voies au pied du château »  (un des projets envisage même la suppression total du flux automobile, NDLR).

Et  la construction, près du Quai sur le site du Front de Maine, du nouveau Palais des Congrès, sera intégré au projet…

F.B : « Oui d’ici à 2018. Angers doit se donner les moyens de ses ambitions pour bien figurer sur la carte des villes de congrès en se dotant d’un vrai complexe capable de renforcer son rayonnement et son attractivité« (Outre le nouveau palais équipé d’un auditorium d 1 500, le complexe coprendra un parking de 200 places et un hôtel 3 étoiles, NDLR).

Que va-t-il advenir de l’actuel Centre des Congrès ?

F.B : « Il pourrait regrouper plusieurs éléments de la filière touristique, mais rien n’est encore défini« .

3. Soutien aux entreprises

Vous avez annoncé la mise en place d’un Conseil stratégique pour l’emploi avec des chefs d’entreprise. Concrètement en quoi cela va consister ?

F.B : « Il s’agit de mettre en place un partenariat entre les différents acteurs de l’économie locale afin de créer une véritable synergie visant à trouver de nouvelles opportunités de développement pour Angers. Ce conseil sera une instance de concertation au sein de laquelle des chefs d’entreprise angevins, les partenaires sociaux, les membres de la Chambre de Commerce et d’Industrie, mais aussi les services de la Région et d’Angers Loire Métropole, entreront en contact et pourront échanger sur des problématiques d’avenir« .

Vous avez signé les premiers contrats solidarité dans les quartiers angevins. Y’en aura-t-il d’autres ?

F.B : « Oui,  nous avons signé cinq sur Angers  sur les six proposés par la Région  à l’ensemble des Pays de la Loire. Ils s’adressent aux jeunes qui rencontrent des difficultés d’insertion. Ce type de contrat leur permet de trouver un premier emploi. Il y en aura évidemment d’autres dans les prochaines années« .

Parmi les mesures anti-crise engagées par la Ville, on trouve plusieurs dispositifs de soutien aux entrepreneurs ? Ces outils subiront-ils des modifications dans les mois ou les années à venir ?

F.B : « Oui, on les repensera au fur et à mesure mais les offres seront globalement les mêmes : il existe, par exemple, à l’échelle de la Ville un dispositif d’Etat, le Fonds de revitalisation du Territoire, qui propose des aides à la création d’emploi dans les petites entreprises, mais aussi un accompagnement renforcé des créateurs d’entreprise, ainsi qu’un suivi post création » (pour en savoir plus contacter Angers Loire Développement au 02 41 31 81 81, NDLR).

D’après les derniers chiffres de la maison de l’Emploi, le nombre de travailleurs indépendants exerçant sur l’agglo est passé en 2010 de 10 094 à 11 533, notamment grâce à l’auto-entreprise. Que pensez- vous de ce statut ?

F.B : « On sait que l’auto-entreprise, ça ne marche pas. Il faut arrêter de leurrer les gens avec ça.  Après je ne suis pas totalement contre le principe, il faut de la souplesse et le statut de l’auto-entreprise part d’une bonne intention. Après, permettre à quelqu’un de créer son entreprise pour vendre une boîte de clous, ça ne suffit pas. Il faut un vrai projet derrière. Il faut surtout accompagner davantage le créateur d’entreprise« .

Un mot sur la Cantine numérique angevine ?
F.B : « Oui, ce projet très important devrait être en route dès cet été. La Cantine du numérique prendra place dans l’ancienne Maison du tram, place Imbach. L’idée est d’y créer un lieu entièrement dédié au numérique où pourront se réunir les entreprises spécialisées dans le domaine de l’internet et des nouvelles technologies en général, mais aussi les passionnés du numérique et les professionnels de passage qui pourront trouver dans ces locaux un espace de travail ouvert« .

Dégager des terrains pour offrir plus de bureaux, c’est aussi l’objectif des Acti-Box annoncés dans le quartier de Monplaisir ?
F.B : « Oui, ces acti-box seront des modules préfabriqués qui pourront accueillir des petites entreprises artisanales ou de services. Il s’agit d’offrir de nouveaux espaces de bureaux et de dynamiser l’activité économique du quartier Monplaisir. Une petite entreprise artisanale aura, par exemple, la possibilité d’investir, dans ces Acti-Box, jusqu’à 300 m² d’espace, avec une partie atelier et un mezzanine pour y loger ses bureaux« .

Post author

Laisser une réponse