Angers : le « gilet jaune » à la grenade menace de récidiver

Sur le parking du centre commercial Espace Anjou, l’homme, qui se réclamait du mouvement des « gilets jaunes », avait tenu en haleine les policiers pendant six heures, un explosif à la main. Maintenu en détention provisoire depuis les faits, survenus le 23 novembre, il comparaissait jeudi devant le juge des libertés et de la détention.

Le fait divers a durablement marqué les angevins, alors même que la crise des gilets jaunes venait d’éclater : c’était en novembre dernier, un vendredi soir, veille de forte mobilisation sur les ronds-points et les bretelles de rocades. A la tombée de la nuit, un homme de 45 ans, qui s’était greffé à un groupe de manifestants en poste devant la station-service du centre commercial Espace Anjou (sortie est d’Angers), s’en est subitement extrait pour brandir une grenade et dévoiler un collier d’explosifs dotés de charges mortelles.

Maintien en prison

Très vite, le forcené s’isole et fait part de ses revendications : il se dit solidaire des « gilets jaunes », tenue de sécurité dont il s’est d’ailleurs revêtu,  et demande qu’une délégation soit reçue à l’Elysée. Arrivés sur place, les services de police tentent de parlementer, tout en déployant un cordon de sécurité de plusieurs centaines de mètres. Car, l’homme, bien que d’apparence calme, se montre menaçant et exprime clairement son intention de faire exploser le site s’il n’obtient pas satisfaction. Il ira même jusqu’à dégoupiller sa grenade, avant, finalement, de se raviser et refermer le dispositif d’allumage. Six heures durant, un officier de la BAC puis les spécialistes du RAID se sont relayés pour lui faire entendre raison. Finalement, peu avant minuit, l’intervention du préfet de Maine-et-Loire, Bernard Gonzalez, a sonné l’épilogue de cet éprouvant face-à-face : « Nous avons parlé cinq à dix minutes, une conversation qui a paru très longue. Puis il m’a dit qu’il était fatigué. Je lui ai alors promis qu’on ne tirerait pas en cas de reddition. Il a accepté » racontait, à chaud, le représentant de l’Etat.

L’enquête a notamment révélé que l’intrus habitait à Rablay-sur-Layon. Ce vendredi-là, il avait quitté son domicile en matinée afin de rejoindre à Angers les gilets jaunes mobilisés. Il s’était rendu sur place en bus, armé jusqu’aux dents.
Poursuivi pour détention et port d’explosifs ainsi que pour menaces de mort sur des personnes, Laurent C. est incarcéré depuis son interpellation, le soir du 23 novembre. Dans l’attente de son procès, il a comparu, jeudi, devant les juges des Libertés, quatre mois après le début de sa détention provisoire, comme le veut la procédure. A l’audience, le prévenu a déclaré ne pas « exclure » de renouveler son geste, récidive qu’il conditionne aux « suites politiques données à l’issue du grand débat… ». Sans surprise, la représentante du parquet a requis son maintien en prison.

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